Bol de lait

Le regard fait le tour de la pièce, du sol au plafond, suivant une même courbe souple, par endroit avachie, s’échappant, déjouant toute idée de coin, de pointe ou d’angle. Ici pas de trait, de ligne droite, de centre, de diamètre, encore moins de rayon. Les murs façonnés à la main, par une succession de tapes amicales, transpirent de la douceur d’une même empreinte. Les cloisons se contournent,  le sol s’épouse, et lorsqu’on passe une porte, on s’incline.
Impossible de tendre un mètre. Le lieu est enchanté du mouvement d’une larme incrustée, seule fenêtre, vitre éphélide, à travers laquelle la route se cabre, un clocher s’entortille. Mieux vaut se méfier, car à trop regarder dehors le paysage danser, comme un bol de lait, on risque de se renverser.