Etrange endroit

 

Etrange endroit, étrange lieu, pailles et verres cassés, bouteilles vides, élastomère. Mains en losange, incandescentes fourmis. 

Etrange endroit derrière l’éclipse d’un soleil mort, un ré éprouvé, cimaise, baiser, tri trompé, cadran de pendule éclaté. Dans les abysses, sans repère, ils avancent sur le gravier, pierre tubes suivis de mammifères rampant en lampion chaotique.

Etrange endroit déjanté, brûlé. Une armée de soldats scintille, trébuchante, un rot dans l’immensité du cœur surpris, tout bringuebalant, serré, trame blanche en voie de disparition. Explosé par terre, un ouistiti gigotte dans une flaque d’essence, noire orgie et dé, tenue à distance. Que sont devenus les massacres oubliés des anciens ? Tremblotants, incapables de rire, aveuglés par trop de soumission, condamnés à se frapper, battant des mains et des pieds, inondés d’un son apprivoisé. Ils aimeraient parler, cognés qu’ils sont à la barre de leur horizon rebondi et étoilé.

Etrange, étrange auscultation en zigzag sans pensée, direction ni malfaçon, enfoncée maladroite dans le métal d'une armure, secouée, s’interrogeant sur ce que possibles seraient les cris d’un singe pendu. Branche, jet d’eau, encens perdu. Dans une cave oubliée des loirs, des signaux inutiles. Personne pour les lire, excepté l’insupportable langage, dit pour rien, pour rien ruisselle le son d’un piano dans l'aile d'un château. Un fou tape dans ses mains sous une pluie de plomb, disjoncté, craquelé. Le piano fait peur à jouer, sous une avalanche de pierres effondrées.

Etrange montgolfière ayant perdu la boule, ordinateur errant, mâchouillant des algorithmes en spirale, tournant au point de démissionner. Appels improbables dans un précipice bleuté d’ombres élastiques et d’oiseaux, sobres chouettes sifflantes, enrayées contre une mandoline poursuivie par un écho lointain.

Clignotements d’un sémaphore, une baleine échouée, triste sable sale et sable, sirènes, clapot des sphères angulaires, phasmes recroquevillés. Une impossible mante religieuse glisse sur le sol penché, au milieu des herbes, éléphants lapant l’étang, pente douce du temps exaspéré par la brume saturne. Une terre froide striée de glace balaye un rire diabolique, babioles et moucherons, fusées, dinosaures, encombrés de planches, ferrailles limpides, ciselées. Une chimère, peut-être ? Un miroir aigu ou un firmament.

*Improvisation sur Konk Pack aux Instants Chavirés, 3 février 2023.