La cave est pleine

La cave de ma maison est pleine. Pleine de choses dont je ne parviens pas à me séparer. Il y a une table à rallonge dépiautée en planches qui attend de trouver une maison de campagne. Une chaise au pied cassé qu’il faudrait faire réparer. La caisse d'un chat mort depuis plus de cinq ans. Une grosse boîte à outils avec tenailles, perceuse, marteau, et surtout un magnifique tourne-visses électrique sans fil avec 25 embouts dont je ne me suis jamais servi. J’ai renoncé à comprendre pourquoi cet ami m’avait offert un engin pareil pour mes trente trois ans. Contre les murs, s'empilent des cartons d’archives. Beaucoup de cartons. Des cartons de papier, de carnets, de classeurs. Toutes mes vieilles bobines d’enregistrement sont, elles, étiquetées, rangées dans de grandes caisses en plastique hermétiques pour les protéger de l’humidité. J’imagine parfois que ce fourbi est une annexe de mon esprit où s’accumule ce sur quoi je ne parviens pas à me résoudre. Et à me déplacer à quelques mètres au-dessus, jour et nuit, cela pourrait avoir quelque chose d’une danse qui ne se finira jamais.