LES TORTUES

Jette donc du charbon, là devant toi, car bientôt sonne la cloche, étrangle l'oiseau. Pas eu peur le piaf, s'est glissé suivant les criquets et sauterelles. Bon Dieu ce qu'il fait chaud dans tout ce jaune sans parapluie, il ne manquerait plus que quelque chose éclate. Il aurait fallu lui dire qu'à rester ainsi, sans bouger, il finirait par se fendiller. Cela ne sert plus à rien de tendre des fils ni même d'imaginer une danse qui le rincerait. Il est trop tard, les tortues arrivent, se grattent deux à deux, tournent en rond à en perdre la boule. Elles ne renaîtront pas, il n'y a aucune raison qu'elles renaissent. D'autres, avant elles, ont tenté de laver le temps. Inutile de raconter des histoires, rien n'arrêtera le train, rien ne fera taire l'oiseau. Il chante si cela lui plaît, la patte en l'air, le bec tendu vers ceux qui veulent bien l'écouter. Il n'a pas peur. Patte ou pas patte. Il a raison du son, des dents qui voudraient l'avaler, débrancher sa dynamo. Sautille donc, tremble électrique, ici ou en Asie, la ronde est de métal.

Texte écrit lors d'une improvisation musicale violon et percussions